Les recommandations pour faire face au COVID-19

La situation que nous vivons actuellement est sans précédant et nous mettons toute notre énergie pour répondre aux mieux aux interrogations de chacun de nos confrères et consœurs. Suite aux échanges des membres du Conseil d’Administration du SNMR et des Prs Bruno Fautrel et Thierry Schaeverbeke, vous retrouverez ci-dessous nos recommandations sur différents sujets d’interrogations :

Quel est l’état actuel des connaissances sur l’épidémie de COVID-19 ?

Comme vous le savez, cette épidémie de pneumonie sévère est liée à un virus, le Sars-Cov-2, proche du Sars-Cov qui avait été responsable de l’épidémie de SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) en 2002. A l’époque, les mesures immédiates de confinement des personnes touchées, suspectes ou contact avaient permis d’enrayer la diffusion de l’infection. Cette situation s’est répétée avec un autre coronavirus (Mers-Cov) en 2012, là encore sans diffusion de l’infection.

La situation est cette fois différente, et la diffusion du virus est désormais mondiale. Les mesures de confinement plus tardives, mais très strictes en Chine, ont permis de restreindre le périmètre de l’épidémie sur leur territoire : 81.000 cas, 3.200 décès pour une population de plus d’un milliard d’habitant. En Europe, et notamment en Italie et en France, les mesures de confinement n’ont pas été prise (ou très partiellement) au stade 2 de l’épidémie, et nous abordons donc actuellement le stade 3, avec une diffusion probablement très large de l’infection pendant plusieurs semaines (8 à 12 semaines). La diffusion massive de l’infection pose un problème majeur de prise en charge des formes sévères car les capacités des services de réanimation sont rapidement dépassées, ce qui explique les chiffres observés en Italie (21.000 cas dont 1440 décès pour 60 millions d’habitants). Nous allons tous devoir nous adapter durant cette période.

Le profil type des patients à risques

En l’état actuel de nos connaissances, les rhumatismes inflammatoires ne font pas partie des maladies chroniques à risque avéré. Sur plus de 72.000 cas répertoriés en Chine, les formes sévères ont été observées très majoritairement chez des sujets âgés (surtout après 80 ans), et des sujets atteints de maladies cardiovasculaires, d’hypertension, de maladies respiratoires chroniques (BPCO, asthme sévère, pneumopathie interstitielle), d’insuffisance rénale, de diabète, de cancers.

Les rhumatismes inflammatoires ne font pas partie de la liste et ne sont notifiés dans aucune publication. Une publication concerne les malades atteints porteur de MICI (plus de 20.000 patients suivis sur plusieurs centres de la région la plus touchée par le COVID en Chine). Aucun cas d’infection avérée (la confirmation diagnostique n’est pas systématique pour les formes bénignes), en particulier aucun cas de forme sévère, y compris chez les patients sous biothérapie.

Quelles positions adopter concernant le maintient de vos consultations ?

Nous vous recommandons de reporter tous les soins non urgents.

  • Les viscosupplémentations sont à priori à reporter car non urgente, non vitale et sans effet immédiat.
  • les consultations pour renouvellement de traitement ou prise en charge de lombosciatique, arthrite, rhumatisme inflammatoire etc.. sont justifiées et peuvent être réalisées, soit en télé-consultation si le patient et la pathologie sont connus, soit en présentiel si l’examen clinique est nécessaire (cependant si le patient a un syndrome grippal, il faut différer et orienter vers une prise en charge non rhumatologique.)

Quel est l’équipement indispensable requis pour recevoir ses patients en cabinet ?

Les consultations peuvent être réalisées avec un masque chirurgical. Les masques FFP2 sont à prioriser pour les gestes réalisés sur des patients infectés (comme en réa ou en maladies infectieuses).  Et puis bien sûr se laver les mains régulièrement. 

Qu’en est-il pour les patients sous bio-médicaments ?

Sont considérés patients fragiles / à risques, les patients recevant des doses immunosuppressives, donc à priori pas les nôtres. Le message reste de ne pas arrêter ces traitements. Tous ces éléments ont été confirmés par les infectiologues.  Le message sur les AINS et les corticoïdes pour gérer les symptômes grippaux sont à proscrire. 

Retrouvez également les recommandations de la SFR concernant la réponse à donner aux patients qui posent des questions sur le risque que constitue leur traitement face au COVID-19

Exemple de bonnes pratiques déjà mise en place dans le service Rhumatologie du CHU de Bordeaux :

  1. Les patients ayant pris ou demandant une consultation se voient systématiquement proposer de procéder à une téléconsultation,
  2. Un service de télé-expertise a été mis en place pour que les professionnels de santé puissent adresser une demande pour tout avis sur une situation complexe via ce service,
  3. Un message simple de recommandations pour les patients,
  4. Les réunions de service sont suspendues sine die,
  5. Travail sur le développement d’un système de suivi des patients en ville (plus de détail à venir).

Nous actualiserons régulièrement les informations selon l’avancée des connaissances et restons à votre disposition en cas de questions complémentaires.