L’Ostéopathie, un nouveau scandale sanitaire ?

Le SNMR (Syndicat National des Médecins Rhumatologues tire la sonnette d’alarme concernant la régulation du nombre d’ostéopathes formés sur notre territoire.
Le SNMR avait déjà émis son opposition par un recours en Conseil d’Etat lors de la publication du décret du 25 mars 2007 (dérivé de la loi du 4 mars 2002) légalisant l’ostéopathie non médicale.
Un pas supplémentaire a été franchi dans la déraison lors de la publication du décret concernant la chiropraxie du 7 janvier 2011, officialisant cette fois les querelles d’écoles.
Il est rappelé qu’il existait déjà une école française de renom d’ostéopathie médicale ayant formé de nombreux médecins, en particulier des rhumatologues parfaitement compétents dans ce domaine. Cette formation médicale est attestée par un DIU (Diplôme InterUniversitaire).
De nombreuses officines dites « écoles d’ostéopathie » se sont multipliées et ont bénéficié d’agréments laxistes. Elles n’ont eu de cesse d’augmenter le nombre d’années de formation pour conserver leurs lucratifs élèves.
Ce qui devait arriver, arriva… Le nombre d’ostéopathes est désormais si pléthorique qu’après les villes, ils ont désormais envahi nos campagnes. Si nos villages perdent leur commerce de proximité et leur médecin généraliste, ils peuvent désormais s’enorgueillir de la présence d’un cabinet d’ostéopathie.
Cette situation ne peut qu’entrainer des dérives et poser un problème de sécurité des soins, autant par les retards des diagnostics que par des techniques inappropriées voire ésotériques.
Le Professeur Bernard DEBRE a été avec d’autres députés à l’origine de deux projets de loi limitant le nombre d’ostéopathes formés, mais qui n’ont jamais été discutés à l’Assemblée Nationale. Lobbying ?
Déjà il y a en France 18000 ostéopathes soit davantage que dans tous les autres pays d’Europe réunis.
Si la situation actuelle perdurait (5000 étudiants par an), nous aurions 60000 ostéopathes en France d’ici 2025 contre 3500 en Angleterre !
Le SNMR est prêt à s’engager dans une réflexion commune et nous formulons quelques propositions :

•Rappel du principe que l’ostéopathie non médicale n’est pas une profession de santé.
•Création d’un Organisme Indépendant d’Agrément des Ecoles d’Ostéopathies avec un objectif quantifié d’étudiants, comprenant paritairement des experts médecins de l’appareil locomoteur et des représentants des ostéopathes non médecins.
•Limitation des heures de formation : il n’y a pas de justification à ce que la durée de formation des ostéopathes dépasse celle d’une infirmière ou d’un kinésithérapeute. Cette durée prévue dans le décret du 27 mars 2007 de 2660 heures nous paraît amplement suffisantes.
•N’étant pas une profession de santé il semble préférable qu’ils n’interviennent pas dans les Etablissements de Santé publics ou privés, ces derniers pouvant faire appel au besoin à des médecins ostéopathes ou à des kinésithérapeutes formés.
•Non remboursement par les Mutuelles de L’ostéopathie non médicale puisqu’il ne s’agit pas d’une profession de santé.
Le SNMR met en garde le Ministère de la Santé contre les risques de dérive commerciale et des risques sanitaires à ne pas vouloir se positionner sur le sujet.

Bernard MORAND
Président du SNMR
Eric SENBEL
Secrétaire Général du SNMR