L’abandon de nos ainés

L’arthrose du genou (ou gonarthrose) frappe environ 20% de la population à 70 ans et bien entendu, augmente avec l’âge. Avec l’âge également, augmente la proportion de patients symptomatiques. Les principaux symptômes sont la douleur articulaire et le handicap fonctionnel qui peuvent conduire à une limitation drastique des capacités et de l’autonomie des malades.

Outre les traitements physiques, non pharmacologiques, nous disposons d’un traitement efficace pour réduire douleur et handicap avec la viscosupplémentation, qui consiste à injecter de l’acide hyaluronique dans le genou arthrosique douloureux (ce produit est naturellement présent dans les articulations, mais perd ses capacités visco-élastiques avec l’âge et l’arthrose).

Ce traitement simple permet de réduire la prise d’antalgiques et d’anti-inflammatoires souvent mal tolérés, responsables d’une iatrogénie importante, encore récemment soulignée pour les anti-inflammatoires (confère la mise en garde officielle qui a concerné dernièrement le Diclofénac) et parfois contre-indiqués à partir d’un certain âge. Ils permettent de plus de retarder souvent la mise en place d’une prothèse. Les injections intra-articulaires d’acide hyaluronique sont enfin parfois la seule alternative en cas de contre indication ou de refus à la chirurgie.

La Commission Nationale d’Evaluation des Dispositifs Médicaux et Technologies de Santé (CNEDIMTS) vient de proposer de manière stupéfiante le déremboursement de l’acide hyaluronique articulaire et donc de la viscosupplémentation, lors de sa séance du mardi 25 juin dernier.

Cette décision s’est faite sans aucune réflexion scientifique avec les experts rhumatologues, ainsi qu’avec les instances de la rhumatologie, principaux prescripteurs et effecteurs de ce traitement.

Après le déremboursement programmé des Anti Arthrosiques d’Action Lente différée pour l’instant suite à un vice de procédure, il s’agit de réduire encore les possibilités thérapeutiques permettant de soulager et limiter le handicap de nos ainés en oubliant qu’ils ont contribué et contribuent encore au développement de notre pays.

Le SNMR tient à la disposition du Ministère de la Santé et de l’HAS un dossier avec les études scientifiques (essais cliniques et méta-analyses, ainsi que la littérature en matière de traitements intra-articulaires dans la gonarthrose) qui permettent d’apprécier l’efficacité et le bénéfice de ces traitements.

C’est pourquoi, le SNMR s’oppose avec énergie à cette proposition de la CNEDIMTS et demande que soit rapidement confirmé le remboursement de la viscosupplémentation dans le cadre de l’indication actuelle : traitement de la gonarthrose symptomatique en 2ème intention, par un spécialiste (rhumatologue, chirurgien orthopédique ou médecin MPR).

Bernard MORAND
Président du SNMR